Cours Promouvoir l'égalité femmes-hommes

Introduction

La question du rapport femmes-hommes au sein de notre société est plus que jamais d'actualité. De récents scandales ont mis en lumière les comportements violents et parfois criminels de certains hommes à l’encontre des femmes. Ces faits nous rappellent que, au-delà des textes de lois et des déclarations publiques, l’égalité entre les femmes et les hommes est encore un but à atteindre plutôt qu’une réalité objective.

Ainsi, comment peut-on lutter contre ces comportements et mieux promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes au sein de la famille, dans le monde politique, à l’intérieur de l’entreprise et dans la société en général ?

Après avoir passé en revue dans une première partie les principales inégalités et discriminations dont peuvent souffrir les femmes dans notre société, une deuxième partie sera consacrée à l’engagement de certains acteurs de la société civile pour les dénoncer et les combattre. Enfin, nous traiterons des mesures prises par les pouvoirs publics pour parvenir à l’égalité femmes-hommes.

Un monde organisé et dominé par les hommes ?

En 2024-2025, 56 % des étudiants inscrits à l’université étaient des femmes contre seulement 43 % en 1960. Sur le marché du travail, les femmes représentent 49 % de la population active contre 40 % en 1990. Des progrès sont donc observés depuis plusieurs années, qui nous incitent à penser que notre société évolue vers plus d’égalité entre les femmes et les hommes.

Ce premier constat n’est pas faux mais il mérite d’être nuancé car, en France, les femmes souffrent aujourd’hui encore de nombreuses discriminations sexistes, plus importantes que dans d’autres pays au niveau de développement comparable.

Des inégalités dans le monde de l’entreprise

Dans le monde de l’entreprise, une femme gagne en moyenne un salaire inférieur de 23,4 % à celui d’un homme qui disposerait de la même expérience et des mêmes compétences professionnelles. Les femmes sont aussi trois fois plus nombreuses que les hommes à exercer un emploi à temps partiel (notamment pour s'occuper des enfants).

Certains métiers restent encore très largement genrés. Ainsi, 91 % des aides-soignants et 96 % des secrétaires sont des femmes. Au contraire, 80 % des chefs d’entreprise et des 76 % des travailleurs dans le domaine du numérique sont aujourd’hui des hommes.

Des hommes plus présents dans la vie politique

Même si la situation semble s’améliorer depuis plusieurs décennies, les femmes ne représentent en 2024 que 36,1 % des députés de l’Assemblée nationale et 32 % des sénateurs. La France occupe en 2024 la 43e place, sur 195 pays, dans le classement mondial de la parité au sein du parlement. Seulement 5 femmes sont à la tête d’une des 18 régions françaises.

Le poids des stéréotypes et des préjugés

Les inégalités entre les femmes et les hommes s’expliquent en partie par des stéréotypes et des préjugés profondément ancrés dans les mentalités. Ces idées, qui associent à tort « soin, famille, tâches domestiques » aux femmes et « technique, force, responsabilité » aux hommes, influencent encore beaucoup les choix d’orientation scolaire puis, ensuite, les carrières professionnelles. Ils conditionnent également souvent la répartition des tâches à l’intérieur du couple.

Les préjugés et stéréotypes ont même tendance à se renforcer ces dernières années. Ainsi selon une étude de 2024, 70 % des hommes pensent qu’un homme doit subvenir aux besoins de sa famille pour être respecté, contre 63 % des femmes. Cette même étude indique que 94 % des femmes de 15 à 24 ans trouvent difficile d’être une femme aujourd’hui. Cette tendance est en hausse de 14 points par rapport à l’année précédente.

Ces préjugés et stéréotypes influencent le fonctionnement de notre société. Ils entraînent une sous-valorisation des métiers majoritairement exercés par des femmes et une organisation de la parentalité reposant encore largement sur elles.

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Exemple

Le manque de places en crèche constitue un exemple parlant des conséquences directes des stéréotypes : il amène de nombreuses mères à réduire leur temps de travail ou à accepter des emplois moins qualifiés.

Cette situation illustre et renforce les inégalités professionnelles entre les femmes et les hommes, en limitant leurs perspectives d’évolution de carrière ainsi que leur autonomie économique.

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Définition

Préjugé :
Opinion ou jugement formé à l’avance, sans connaissance suffisante des faits, souvent basé sur des stéréotypes ou des croyances personnelles.

Stéréotype :
Représentation caricaturale d'une personne ou d'un groupe de personnes, qu'on imagine partager certaines caractéristiques physiques, morales ou comportementales.

Les femmes peuvent être victimes de violences sexistes et sexuelles

Les femmes sont encore beaucoup trop victimes d’incivilités, d’agressions ou de crimes commis par des hommes. Les chiffres publiés par l'Observatoire national des violences faites aux femmes révèlent qu’en 2023, 277 000 femmes majeures ont été victime de viol, de tentative de viol ou d'agression sexuelle. En 2024, 107 femmes ont été assassinées par leur partenaire ou ex-partenaire. Ces chiffres traduisent une réalité persistante : les violences sexistes et sexuelles touchent un nombre toujours trop élevé de femmes. Cela montre l’ampleur du phénomène et souligne l’importance des politiques de prévention, de soutien aux victimes et de lutte contre l’impunité.

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À retenir

Les inégalités entre les femmes et les hommes demeurent, mais les évolutions récentes montrent une réduction progressive. L’accès à l’enseignement supérieur se féminise, la présence féminine sur le marché du travail augmente et la représentation politique des femmes progresse lentement. Les écarts de salaire se maintiennent toutefois, de même que le recours plus fréquent au temps partiel subi. La présence des femmes aux postes de direction demeure encore très insuffisante. Les tâches domestiques restent inégalement réparties et, malheureusement, les violences envers les femmes persistent.

La société civile s’engage pour dénoncer et réduire ces inégalités

L’engagement de femmes, à titre individuel ou dans le cadre d’associations féministes, a permis d’accélérer le cours de l’histoire.

Une longue marche menée par des personnalités marquantes

Dès le siècle des Lumières, des philosophes ont dénoncé les inégalités femmes-hommes, tels Voltaire dans plusieurs de ses écrits dont son pamphlet Femmes, soyez soumises à vos maris, paru en 1766, ou Choderlos de Laclos dans De l’Éducation des femmes, paru six ans avant la Révolution française.

En 1791, Olympe de Gouges rédige la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Il s’agit d’un texte satyrique qui n’aura toutefois aucune valeur juridique. Femme de lettres guillotinée sous la Terreur en place publique le 3 novembre 1793, Olympe de Gouges est considérée par certains spécialistes de l’histoire des femmes comme la première militante féministe. Elle va inspirer de nombreuses générations de femmes après elle, mais aussi des hommes, qui vont soutenir la nécessité de parvenir à une égalité entre les sexes.

Declaration-droits-femme-citoyenne-Olympe-de-Gouges La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d'Olympe de Gouges, à l'Assemblée nationale (extraits)

Près d’un siècle plus tard, le mouvement des suffragettes, composé de femmes réclamant le droit de vote (alors réservé aux hommes), marque une nouvelle étape. Cette mobilisation est née au Royaume-Uni mais elle inspire d'autres pays, dont la France. Hubertine Auclert est une des suffragettes françaises les plus marquantes de cette époque. Elle fonde en 1881 le journal La Citoyenne pour appuyer son combat acharné en faveur du droit de vote des femmes. C’est en 1944, trente ans après sa mort, que les femmes françaises obtiennent finalement le droit de participer à une élection.

Il existe différentes tendances féministes mais en France, Simone de Beauvoir constitue une référence incontournable. Dans son livre Le Deuxième Sexe, publié en 1949, la philosophe invite la femme moderne à « se tailler ses propres vêtements », c’est-à-dire à s’affranchir des codes de la société conservatrice, tout comme elle invitait les peuples colonisés à s’émanciper de leurs colonisateurs.

Des associations féministes au cœur du combat pour l’égalité des droits

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Définition

Féminisme :
Courant de pensée et mouvement politique, social et culturel en faveur de l'égalité réelle entre les femmes et les hommes, dans la vie privée comme dans la vie publique.

La création du Planning familial en 1960 marque une étape décisive pour les droits des femmes. En offrant information, accompagnement et accès à la contraception, ce réseau d’associations permet aux femmes de maîtriser leur vie reproductive, contribuant ainsi à leur libération. Sa création représente une avancée sociale essentielle et durable, puisqu’il poursuit aujourd'hui encore ses missions, en s’élargissant à toutes les sexualités et toutes les problématiques de santé sexuelle (prévention des maladies sexuellement transmissibles, dépistage, avortement, contraception, etc.). C’est également toujours un lieu d’écoute pour les victimes de violences.

À partir de la fin des années 1960, le mouvement féministe connaît un nouvel élan. Des associations comme le MLF (Mouvement de libération des femmes) sont créées : elles cherchent, par leurs actions militantes, à faire valoir le droit des femmes à disposer librement de leur corps et de leur sexualité. En 1975, la loi sur l'IVG, portée par Simone Veil, permettra aux femmes de disposer de ce nouveau droit sur leur corps.

  • Depuis 1975, le 8 mars est la journée internationale des droits des femmes. À cette occasion, de nombreuses associations sont mobilisées aux côtés des enseignants dans les écoles, les collèges et les lycées afin de sensibiliser les jeunes en faveur d’une plus grande égalité femmes-hommes.

De nos jours, des associations comme Osez le féminisme ou Ni putes ni soumises mènent des actions en n’hésitant pas à solliciter les médias et à utiliser les réseaux sociaux afin de mieux faire connaître leur combat pour la défense des droits des femmes et la lutte contre les violences dont elles sont régulièrement victimes. En 2008, le mouvement féministe radical Femen est apparu en Ukraine, et s’est exporté depuis dans plusieurs pays. Leurs membres s’exposent seins nus avec des slogans défendant les droits des femmes écrits directement sur leur corps afin de marquer les esprits. Plus récemment, des femmes ont participé au mouvement des « gilets jaunes » en portant un gilet rose, faisant ainsi le lien entre sexisme et inégalités sociales.

photo-marche-contre-violences-sexistes-sexuelles Marche contre les violences sexistes et sexuelles, Paris, 2019 ©Jeanne Menjoulet – CC BY 2.0

Le mouvement #MeToo favorise une prise de conscience à l’échelle mondiale

En 2017, l’affaire Harvey Weinstein, du nom d’un célèbre et puissant producteur hollywoodien qui utilisait son pouvoir dans le monde du cinéma pour abuser sexuellement de jeunes actrices, a bouleversé l’opinion. Ce scandale a favorisé une libération de la parole des femmes. Il a entraîné à sa suite une prise de conscience à l’échelle internationale de la nécessité d’œuvrer en faveur d’une plus grande égalité et d’un plus grand respect entre les sexes, en déclenchant le mouvement #MeToo.

Né aux États-Unis et s’appuyant sur des réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter (désormais X), ce mouvement a permis à de nombreuses femmes de dénoncer les violences dont elles ont pu être victimes. En France, le mouvement #BalanceTonPorc a fonctionné de manière comparable et connu une large audience, permettant d’élargir le débat au-delà d’une médiatisation ponctuelle des violences morales et physiques faites aux femmes.

En 2020, c'est l'affaire dite « des viols de Mazan » qui est venue renforcer la mobilisation pour le consentement, la justice et la lutte contres les violences faites aux femmes. La victime principale, Gisèle Pelicot, a découvert les viols en réunion que son mari et des dizaines d’autres hommes lui ont fait subir après lui avoir administré de puissants anxiolytiques. Cette affaire, qui a donné lieu à un procès très médiatisé, a fortement ému l’opinion publique et suscité une onde de choc internationale. Gisèle Pelicot est alors devenue un symbole mondial de la lutte contre les violences sexuelles.

portrait-gisele-pelicot Gisèle Pelicot ©TVA Nouvelles – CC BY 3.0

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À retenir

L’engagement des femmes, que ce soit à titre individuel, au sein d’associations ou dans de larges mouvements en ligne, leur permet de s’exprimer face aux discriminations subies tout en faisant pression sur les pouvoirs politiques, accélérant ainsi le rythme des réformes.

Les pouvoirs publics mènent des actions en faveur de l’égalité femmes-hommes

En France, les pouvoirs publics ont davantage tardé que dans d'autres pays européens à s’engager en faveur d’une plus grande égalité entre les sexes. D’importants progrès ont toutefois été réalisés depuis le début du XXe siècle.

La marche vers l’égalité des droits

L’accès des femmes au droit de vote, en 1944, est particulièrement tardif en France en comparaison d’autres pays comme l’Allemagne ou le Royaume-Uni qui ont accordé ce droit au lendemain de la Première Guerre mondiale. Des hommes politiques issus de divers partis se sont longtemps opposés à cette idée, craignant notamment que le vote féminin soit trop influencé l’Église catholique, encore perçue comme anti-républicaine.

Il faudra ensuite attendre les années 60 et 70 pour voir arriver de nouvelles avancées majeures dans la lutte pour l’égalité des droits. Les femmes acquièrent le droit à la contraception, ainsi que celui de travailler et d’ouvrir un compte en banque sans l’autorisation de leur mari. Puis, à la suite des évènements de mai 68, leur mobilisation redouble d’ampleur et porte ses fruits : elles conquièrent le droit à l’avortement et le droit à une rémunération égale à celle des hommes.

Des réformes et une volonté d’agir qui s’accélèrent depuis une vingtaine d’années

Au tout début du XXI siècle, la pression croissante de l’opinion publique et du monde associatif a contribué à accélérer le rythme des réformes.

Dans ce contexte, la loi sur la parité, votée en 2000, oblige les partis politiques, sous peine d’amendes, à garantir l’égal accès des femmes et des hommes aux élections.

En 2008, l’article 1er de la Constitution de la Ve République est modifié, stipulant désormais que « La loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu’aux responsabilités professionnelles et sociales. »

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Attention

La loi ne s’accompagne pas nécessairement d’un changement des mentalités. On pensera entre autres au parti Les Républicains qui s’est vu infliger une retenue de 1,8  million d’euros sur les subventions que l’État devait lui verser, pour n’avoir pas présenté suffisamment de femmes aux élections législatives de 2017.

L’égalité femmes-hommes, grande cause du quinquennat Macron

Dès l’élection à la présidence de la République française en mai 2017 d’Emmanuel Macron, Marlène Schiappa, issue du mouvement associatif, est nommée secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations. En novembre de la même année, l’égalité femmes-hommes est déclarée officiellement « grande cause du quinquennat ».

La loi du 3 août 2018 crée l’infraction d’outrage sexiste. Depuis lors, le nombre de ces infractions enregistrées par la police et la gendarmerie n'a cessé d'augmenter. Cela ne signifie pas nécessairement que ces actes sont en forte augmentation. Cela atteste plutôt d’une plus grande libération de la parole, premier pas indispensable à la reconstruction des victimes.

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Définition

Infraction d’outrage sexiste :
Paroles, gestes ou comportements à connotation sexuelle ou sexiste, humiliants ou dégradants, visant une personne en raison de son sexe.

Enfin, pour dépasser les représentations genrées des métiers, plusieurs actions ont été menées par les services de l’État.

  • La campagne de 2021, intitulée « Non, les métiers n’ont pas de genre », mettait en avant les parcours particulièrement réussis d’une physicienne, d’une lieutenant-colonel de l’armée, d’une cheffe d’entreprise ou encore d’une agricultrice, afin de montrer que toutes les professions sont accessibles aux femmes.
  • En 2023, la campagne « On a toutes une tête à travailler dans la tech » a poursuivi cet effort en encourageant les femmes à s’orienter vers les métiers du numérique, secteur où leur présence reste encore minoritaire.
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Attention

  • Le ministère de l'Intérieur a mis en place une Plateforme numérique d'accompagnement des victimes de violences sexuelles, sexistes ou conjugales qui propose un chat accessible 24 h/24, 7 j/7 pour dialoguer avec un policier ou un gendarme spécialement formé pour ce type d'infraction. Ces professionnels peuvent déclencher des interventions, aider dans les démarches et orienter la victime s'il y a volonté de déposer plainte.

  • Le 39 19, une ligne d’écoute gratuite destinée aux femmes victimes de violences, a également été mise en place.

  • En cas de danger ou pour signaler une agression, il est important d’appeler au plus vite le 17.

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À retenir

Les inégalités de droit entre les femmes et les hommes diminuent en France, notamment grâce à des réformes qui répondent à la pression de la société civile, traduisent et appuient une évolution des mentalités. Les actions récentes menées par les services de l’État témoignent d’une volonté politique d’avancer vers une société plus juste et plus égalitaire entre les sexes.

Pour autant, le chemin vers l’égalité reste long : les mesures politiques récentes restent insuffisantes pour pallier efficacement ces inégalités dans les faits. Des décisions plus contraignantes sont d’ailleurs parfois demandées pour accélérer l’évolution des mentalités et des pratiques (ex. : obligation de parité dans les instances de prise de décision en entreprise, augmentation du nombre de places en crèches, etc.).

Conclusion

Malgré de réels progrès, l’égalité entre les femmes et les hommes est encore loin d’être atteinte. Les discriminations salariales persistantes, la sous-représentation des femmes dans certains métiers et les violences sexistes et sexuelles montrent qu’il reste beaucoup à faire.

Toutefois, l’action des mouvements féministes, l’engagement constant des associations sur le terrain, la libération de la parole et les réformes menées par les pouvoirs publics témoignent d’une volonté croissante de faire évoluer les mentalités et les pratiques.

Garantir une réelle égalité entre les femmes et les hommes demeure un enjeu collectif essentiel, qui nécessite l’engagement de tous afin de construire une société plus juste, plus respectueuse et véritablement égalitaire.